La cheminée de l'ancienne briqueterie de Râches, un destin exceptionnel
Depuis plus d'un siècle, elle a déjà connu plusieurs vies ! Si la cheminée de l’ancienne tuilerie-briqueterie de Râches a su traverser les guerres et les aléas économiques, elle retrouve aujourd'hui une nouvelle jeunesse grâce à la Mission patrimoine et à l'ambition de son propriétaire, résolument tourné vers l'avenir. On vous raconte cette belle histoire.
Elle ne fume peut-être plus très souvent, mais elle toujours là, debout et fière, veillant sur le site qui l'entoure au Nord-Est de Douai. À l’origine, elle mesurait 25 mètres. Détruite par les Allemands à la fin de la Première Guerre mondiale, elle fut déplacée et recréée à l'identique pendant la reconstruction. Le site qui l'entoure, fondé au 19e siècle par Hyacinthe Denisse, ancien maire de Râches, fut d'abord une tuilerie, puis devint rapidement tuilerie et briqueterie.
L'âge d'or de l'argile
Dans les années 30, des difficultés techniques amenèrent la famille Denisse à demander de l'aide à une société belge qui devint propriétaire du site. N'étant pas sur place, elle proposa à Épiphane Duflot, père de l'actuel propriétaire, d'en prendre la direction.
Tout au long du 20e siècle, l'entreprise est obligée de faire face aux aléas de l'Histoire, des évolutions techniques mais aussi des goûts des usagers.
Vers la fin des années 80, l'entreprise doit s’adapter à la mondialisation et à la concurrence des parpaings en béton et du plâtre. La production est progressivement réduite, des machines sont vendues, mais une activité subsiste malgré tout jusqu’à nos jours : la fabrication de pots de cheminée.
Quand la Culture investit les lieux
Gérard Duflot, propriétaire depuis 1981, est très attaché au site et à son histoire. Lucide, il sait qu’il ne sera pas éternel et a à cœur de faire vivre ce lieu de mémoire locale. S’il a déjà loué des locaux vacants à diverses entreprises (dont une brasserie artisanale), il a encore de beaux projets pour sa cheminée et ses bâtiments industriels.
- En 2021, son site est repéré par l'école d'art de Douai et l'association Le Non-Lieu qui investissent les lieux lors des Journées européennes du patrimoine avec l'exposition "Terre de Râches". Une nouvelle dynamique culturelle s'installe, encourageant Gérard Duflot à ouvrir ce lieu pour mieux préserver son patrimoine. Il présente alors une candidature à la Mission patrimoine afin d'obtenir une aide financière pour rénover la cheminée et les bâtiments détériorés.
- Parmi tous les projets présentés dans département du Nord, c’est le sien qui remporte le ticket gagnant en septembre 2022 !
- Un patrimoine tourné vers l'avenir
- Grâce à cette subvention, le chantier de rénovation de la cheminée va pouvoir démarrer après l’hiver, lorsque les vents violents se seront calmés. Ce travail, très technique, sera effectué par une entreprise belge flamande. En détails, il s’agira de renouveler tous les cerclages, rejointoyer le fût, remplacer les briques manquantes, poser une dalle en béton pour stabiliser l’ensemble au sommet, et installer un nouveau paratonnerre.
- Dans un second temps, Gérard Duflot aimerait pouvoir réhabiliter tout le site afin d’en faire un lieu multi-activités, témoin de son passé industriel, de Râches et ses environs. En plus des entreprises déjà présentes, il y voit bien un "musée actif" dans lequel on pourrait assister à la fabrication des pots et redécouvrir le passé du site. Et aussi un partenariat avec l’école d’art de Douai et diverses associations culturelles, comme ce fût déjà le cas lors des Journées européennes du patrimoine en 2021 et 2022.
- Pour ce faire, il peut compter sur le soutien de la Fondation du patrimoine, elle-même soutenue par le Département du Nord. Mais il aura besoin de fonds complémentaires, et pour être épaulé dans cette mission, Gerard Duflot a créé l'association Terre de Râches. Il espère ainsi que ce tout ce travail de préservation vivra encore longtemps.
- Avec autant d’attachement et de soutien, nul doute que ce lieu réussira sa reconversion, pour le plus grand bonheur de ses heureux donateurs et autres passionnés d'Histoire locale.